Des couverts traités comme une culture à Des couverts traités comme une culture à part entière
Damien Brunelle porte une attention particulière à son interculture, car elle s’avère bénéfique en termes de portance des sols.
Vous devez vous inscrire pour consulter librement tous les articles.
«Les couverts sont essentiels pour faire de l’agriculture de conservation, car les sols sont protégés très longtemps. À cela s’ajoutent d’autres fondamentaux comme une rotation diversifiée et un travail du sol réduit, bien que la betterave bouleverse la terre à la récolte », introduit Damien Brunelle, agriculteur dans l’Aisne depuis 1998. S’il se présente en disant « j’ai toujours fait ce métier », il reste en quête permanente de nouvelles approches pour « rendre de l’indépendance en termes de temps à l’agriculteur ».
C’est, entre autres, pour cette raison qu’il s’est converti aux couverts d’interculture dès 2012, en même temps qu’il faisait l’acquisition d’un strip-till pour généraliser le non-labour à l’ensemble de ses 95 ha de SAU, toutes cultures confondues (blé, betterave, colza, maïs, féverole et légumes pour Bonduelle).
Soigner l’implantation
Au début, il s’est orienté vers la moutarde dont « l’intérêt est juste réglementaire. Ce n’est pas cher et ça se détruit facilement. Désormais, je sème un mélange qui varie en fonction de la culture qui suit. Il peut contenir — comme sur la parcelle retenue pour le concours “Sors tes couverts” (1) — de l’avoine (45 kg/ha), de la vesce (16 kg/ha), de la féverole (50 kg/ha), du tournesol (3 kg/ha) et de la phacélie (2 kg/ha) », énumère l’agriculteur. L’intérêt d’une association, par rapport à une espèce unique, est de « multiplier les chances de réussite » en termes de développement des plantes. En 2018, par exemple, les féveroles ont souffert de la sécheresse. Cela permet aussi de diversifier les systèmes racinaires et de favoriser la biodiversité : « Pour les passants, c’est agréable de voir des fleurs de tournesol ou de phacélie. » Et l’avantage d’opter pour des légumineuses est « le rapport carbone sur azote faible, qui assure une décomposition rapide et une absence de faim d’azote pour la culture suivante ».
Si les trois premières années ont été vécues comme une phase de transition, « un peu comme en bio », Damien Brunelle est désormais satisfait du résultat obtenu. Le gain est double puisqu’il économise en carburant (suppression du labour et du déchaumage) et a augmenté la portance de ses sols de limons argileux : « Le tracteur ne fait plus de traces dans les champs. » En revanche, il ne faut pas espérer de gain de rendement pour la culture suivante.
Malgré tous ces avantages agronomiques, un bémol toutefois : le coût des graines, qui varie de 30 à 50 €/ha. Le mélange cité précédemment est revenu à 38 €/ha en comptant une partie de semences de ferme et une partie achetées. « Il est donc hors de question de semer avec un épandeur à antilimaces vu le tarif ! Il est indispensable de soigner l’implantation de cette culture à part entière. En général, j’utilise un semoir de semi-direct au plus près de la moissonneuse-batteuse (début août), quand il y a encore de la fraîcheur dans le sol. Enfin, si l’on n’était pas limité par les prix, il faudrait semer le plus dense possible. » Isabelle Lartigot
(1) Ouvert aux agriculteurs de la Marne, de l’Aube, de l’Aisne et des Ardennes.
[summary id = "10021"]
Pour accéder à l'ensembles nos offres :